Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/336

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scène ou tel tableau qui nous étonne soit bien une œuvre exclusive de notre pouvoir d’imaginer.

Que décider, par exemple, à l’égard de la dernière observation que voici : « Je feuilletais, en rêve, un grand album rempli d’aquarelles et de gouaches d’une exquise finesse, qui représentaient alternativement, mélange assez bizarre, tantôt un monument d’architecture, et tantôt un modèle de tapisserie. Les monuments me semblaient aussi remarquables par leur beauté que par la diversité de leurs styles. Les modèles de tapisserie m’enchantaient par le mariage des couleurs autant que par l’originalité des dessins. L’un de ces dessins surtout me plaisait tellement que j’allais demander au propriétaire de l’album la permission de le copier, lorsque à mon grand regret je m’éveillai. »

Durant quelques instants, bien qu’éveillé, j’eus encore ce charmant dessin si présent aux yeux de l’esprit qu’il me paraissait peint sur les rideaux de mon lit, et que j’espérai le retrouver sous mon pinceau. Mais, à peine levé, je reconnus une fois de plus avec quelle rapidité s’évanouissent les impressions de certains songes. Je ne sus même pas ébaucher un vague croquis. Quant à avoir jamais vu rien de semblable en réalité, je n’en ai pas le moindre souvenir.

Est-ce donc à l’imagination créatrice, portée par l’action du sommeil à un degré merveilleux de