Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/337

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puissance, qu’il faut attribuer la composition instantanée de tous ces dessins ? Ou bien est-ce la mémoire qui, sous l’empire d’une concentration de forces non moins surprenante et, grâce à l’association des idées, a su tirer immédiatement de ses arcanes les plus secrets et réunir comme en un album toute une série de souvenirs récoltés par elle à son insu [1].

Quelle que soit celle de ces deux explications vers laquelle on incline, le fait en lui-même demeure d’autant plus digne d’attention qu’il n’est point du tout exceptionnel. Bon nombre de personnes m’ont dit qu’elles avaient eu des visions analogues ; c’est-à-dire qu’elles avaient cru voir, en songe, avec une netteté parfaite, des ouvrages d’art ou de fantaisie qu’elles ne se souvenaient nullement d’avoir jamais aperçus, et qu’elles se considéraient d’ailleurs comme absolument incapables d’imaginer à l’état de veille. Ce que j’ai dit de la mémoire, dans les pages qui précèdent, s’applique à la mémoire en général. Je terminerai par une observation relative à la mémoire particulière que l’on peut garder, dans un

  1. On n’oublie pas ce fait, hors de contestation, je crois, que l’imagination, en rêve, fait souvent passer d’une classe dans une autre les visions évoquées par la mémoire. Le cliché-souvenir d’une mosaïque peut devenir l’image d’un vitrail, celui d’un vitrail figurer une tapisserie, etc.