Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/340

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limites extrêmes, elle a laissé une très grande latitude entre ce que nous pouvons commander habituellement à nos organes et ce qu’il leur serait réellement possible d’exécuter. Aussi voyons-nous se produire, sous l’influence de certains états exceptionnels, des phénomènes merveilleux en apparence, qui ne sont cependant que la révélation momentanée des ressources permanentes de notre organisme. La catalepsie, le somnambulisme, la fièvre cérébrale, les aliénations mentales, l’exaltation de l’enthousiasme, de la frayeur et du désespoir ont souvent fourni des exemples frappants de cette vérité. Mais est-il nécessaire de recourir à ces phénomènes plus ou moins morbides pour constater des manifestations analogues de la puissance active et perceptive ? Dans cet isolement du monde extérieur qui lui permet de condenser, pour ainsi dire en elle-même, toute la chaleur, toute la puissance, toute la vivacité de ses émotions et de ses pensées ; sous l’empire de cet état appelé sommeil, qui ferme les yeux du corps aux perceptions nouvelles pour ouvrir ceux de l’esprit sur les richesses enfouies de la mémoire ; alors que la nuit se fait au-dehors tandis que l’illumination se fait au-dedans, l’âme ne peut-elle atteindre à un degré de sensibilité très supérieur à celui dont elle est susceptible à l’état de veille ? Cette question est celle que nous allons d’abord examiner,