Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/341

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plus attentivement que nous ne l’avons fait encore. Tous les auteurs nous ont dit oui ; chacun de nous se l’est souvent dit à lui-même au sortir de quelqu’un de ces songes poignants ou supersensuels qui avaient noyé son cœur dans la douleur ou le plaisir. Des gens habituellement très calmes et très pacifiques se rappelleront qu’ils ont senti s’allumer en eux, sous l’empire de certaines visions irritantes, toutes les foudres du courage aveugle et de la colère la plus exaltée. Des hommes peu impressionnables d’ordinaire avoueront qu’ils ont fait peut-être un de ces rêves chimériques à la suite duquel ils sont restés durant quelques instants et, bien que réveillés, sous l’impression d’une réelle terreur. Le sentiment du doux et du beau, l’horreur du vide, de l’obscur, de l’inconnu peuvent prendre, surtout dans ces moments si courts, des proportions vraiment extraordinaires. Le fait n’ayant pas besoin d’être discuté en principe, nous passerons immédiatement à l’examen de ses conséquences et nous rechercherons en particulier le caractère que cette exaltation de la sensibilité morale peut imprimer aux conceptions de l’esprit durant le sommeil.

Divers exemples de ces sortes de travaux sont devenus célèbres et presque historiques, à force d’être cités. J’en ai mentionné quelques-uns dans ce volume, y compris la fameuse sonate de Tartini,