Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/35

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murs d’un corridor, une vieille caricature sur laquelle semblaient calqués les traits et l’accoutrement d’une sorte de fantôme qui m’était apparu en songe deux ans auparavant. Plus d’une année s’était écoulée entre l’époque où j’avais dû jeter un coup d’œil sur cette caricature, et celle où l’impression que j’en avais évidemment conservée s’était ravivée durant mon sommeil. Le souvenir en paraissait pourtant dès lors bien effacé, puisque j’avais pu dessiner et colorier le fantôme de mon rêve, sans me douter que rien de semblable eût jamais passé devant mes yeux.

Un fait plus extraordinaire, et qui pourrait presque s’appeler une aventure, devait me frapper quelques mois plus tard. J’étais entré désormais dans une période où je ne rêvais guère sans en avoir parfaitement la conscience [1]. Je fis un songe

  1. Cette disposition de l’esprit augmente on diminue suivant qu’on la met plus ou moins en pratique. Pendant la période de mes recherches quotidiennes sur le mouvement de mes rêves, c’était presque chaque nuit que j’en pouvais profiter. Aujourd’hui que je ne l’exerce plus que de loin en loin, la conscience de ma situation me revient en rêve à peu près une nuit sur deux. Si je m’y attache, pour analyser ou diriger les illusions du songe, je puis la retenir assez longtemps. Si je la laisse passer au contraire comme une idée fugitive, je puis la perdre, sauf à la retrouver et à la reperdre encore peut-être par éclairs. Mais une fois le principe même de cette disposition acquis, je crois pouvoir affirmer, par mon expérience et par celle de plusieurs autres personnes, qu’on ne le perd ja-