Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/369

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plus reparu depuis dix ans. Bien des événements et bien d’autres voyages avaient peuplé sa mémoire de plus récents souvenirs, lorsqu’il remarqua, non sans étonnement, que des visages, des fêtes, des épisodes presque oubliés de cette époque de sa vie revenaient peu à peu dans ses rêves avec une fréquence extraordinaire. Durant six semaines, environ, ce phénomène demeura comme inexplicable ; puis il ressentit quelques premières douleurs de tête, et fut repris enfin avec une extrême violence par le mal dont il s’était cru guéri à tout jamais. Il me paraît évident que le rappel de ces rêves était dû à des sensations internes d’une extrême finesse, symptômes révélateurs d’un travail morbide encore à l’état latent.

Le seul fait du retour persistant de certains rêves ou d’une certaine nature de rêves est déjà l’indice d’un état de souffrance qu’il importe de rechercher. Si des songes bien suivis sont le meilleur symptôme d’un parfait équilibre intérieur, le phénomène inverse n’est pas moins significatif. Les blessés, comme les gens en proie à quelque grande agitation morale, ne sauraient avoir des rêves lucides, variés ni suivis. Chez les uns, la douleur physique appelle de temps en temps des réminiscences en rapport avec la sensation qu’ils éprouvent ; chez les autres, une préoccupation dominante retient l’esprit dans un même cercle d’idées et ne permet pas au libre enchaînement des idées de s’effectuer. Les images homogènes