Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/372

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marchepieds. « N’auriez-vous point confiance en moi et ne voulez-vous plus me suivre ? » me demanda mon guide en commençant à gravir cette échelle. « Je vous suivrai jusqu’au bout du monde », lui répondis-je. Déjà, je ne me souvenais plus de ma valise, ni de l’auberge, ni d’une chambre à occuper. Je me sentais comme envahi par je ne sais quelle exaltation croissante. Ce n’était plus une servante qui me montrait la route ; c’était une sorte d’héroïne de roman. Je montais fort et léger. Comme nous touchions à la corniche, ma compagne appuya fortement la main sur mon épaule, passa par une petite fenêtre en m’engageant à la suivre, et me fit voir en perspective, à l’extrémité d’une plate-forme que nous traversâmes, une seconde ascension bien autrement périlleuse à accomplir. Cette fois, c’était une montagne taillée à pic qui semblait percer les nues. Des points d’attache étaient pratiqués dans le roc, comme dans le mur que nous avions déjà franchi. Seulement, ils étaient dissimulés par des broussailles, des racines et des anfractuosités. Celle qui me conduisait me donna sa main à baiser, avant de m’indiquer cette nouvelle route. Je me sentis électrisé ; et je m’élançai derrière elle, sans m’effrayer des hauteurs vertigineuses auxquelles nous parvenions, sans me laisser éblouir par l’énorme précipice qui se déroulait au-dessous de nous. Je ne voyais et