Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/374

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Oubli du mal réel quand l’esprit s’absorbe dans une illusion qui le séduit, oubli complet que ne sauraient produire les simples distractions de l’état de veille. Perception exquise des moindres sensations quand l’attention se porte, au contraire, sur elles. Tel est donc le double phénomène qui s’opère chez nous quand nous rêvons.

Et cela au physique comme au moral, pour les souffrances ou les jouissances du corps, comme pour les douleurs et les épanouissements du cœur humain.

En nous donnant la mesure du degré d’intensité auquel le sensualisme peut s’élever sous l’influence du sommeil, les rêves supersensuels nous fournissent souvent l’occasion de constater aussi un curieux travail psychologique de rétrospection (si je puis employer ce néologisme), que nous aurons bientôt à examiner en traitant de la marche et du tissu des rêves [1].

Quant à ces anomalies étranges, qui consistent à marier quelquefois, en songe, les sensations les plus vives et les plus voluptueuses aux images les moins faites pour les inspirer, je crois qu’elles reposent, en général, sur des phénomènes d’abstraction qui seront également analysés dans cet autre chapitre.

  1. Voir plus loin page 386.