Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/383

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moyen d’agents énergiques et directs : celui-là c’est la médicamentation proprement dite.

Or, s’il m’est permis de comparer les soins qu’on donne au corps avec ceux qu’on peut prendre de l’esprit, je dirai que, pour quiconque attachera quelque charme à peupler son sommeil de songes agréables, l’hygiène ou régime consistera dans une attention suivie à meubler sa mémoire d’impressions heureuses, entremêlées (et par conséquent associées) aux diverses occupations de la vie ; comme le seraient de gracieuses statuettes semées ça et là dans les rayons d’une bibliothèque, où l’on ne pourrait plus chercher, par exemple, le grave Hippocrate sans qu’une douce silhouette d’Hébé ou de Pandore ne vienne en même temps captiver les regards.

Quant à la médicamentation active, quant aux moyens d’appeler instantanément dans nos rêves telles images qu’il peut nous être agréable d’y retrouver, la relation qu’on va lire dira comment ce fut l’application des lois psychologiques ci-dessus exposées qui me permit d’y arriver.

En réfléchissant à cette étroite solidarité qui s’établit dans notre mémoire entre certaines sensations et certaines notions qui en dépendent, telles que la douleur d’une piqûre et l’idée d’un insecte, le chant du coq et l’idée de cet oiseau, l’odeur de la suie et l’idée d’un feu de cheminée,