Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/396

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un duel a été proposé et accepté ; les conditions en ont été réglées et les préparatifs accomplis. Enfin les épées se sont croisées, et c’est seulement après tous ces préliminaires que j’ai cru sentir une lame effilée traverser mon bras. Il est évident cependant que la cause directe et immédiate de ce rêve, la piqûre du moustique, m’a transmis brusquement, par analogie de sensations, et sans aucune transition, l’idée de recevoir un coup d’épée. Cette querelle, ces amis rassemblés, ces préliminaires de combat, auxquels il me semblait avoir songé d’abord, ne sont donc que des idées secondaires, conséquences de l’idée première, qui ne sauraient avoir existé avant que l’idée première dont elles procèdent n’ait elle-même surgi d’un incident imprévu.

Que s’est-il donc passé dans mon esprit ?

L’idée première d’un coup d’épée ayant été subitement évoquée, je me suis instantanément représenté, par tout un enchaînement d’idées secondaires, les diverses circonstances qui pouvaient m’avoir conduit à en recevoir un. Je me suis vu d’abord l’épée à la main ; ensuite j’ai pensé aux témoins que je devais avoir, à l’aventure qui avait pu motiver cette rencontre, etc. Et tout ce que j’imaginais ainsi, en remontant le cours des idées vers sa source, étant venu se peindre successivement aux yeux de mon esprit avec la rapidité