Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/397

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de la pensée (c’est-à-dire à peu près instantanément), j’ai été le jouet d’une illusion qui n’est peut-être pas sans quelque analogie avec ces récréations d’optique où l’œil trompé par des combinaisons en dehors des lois ordinaires de la vision croit voir sur le premier plan des objets placés en réalité au fond du tableau ; je me suis figuré que j’avais rêvé toutes ces choses dans l’ordre rationnel de leur succession, tandis que l’idée la plus éloignée du dénouement était au contraire celle à laquelle j’avais songé la dernière, celle qui se produisait au moment même du réveil, si ce dénouement m’a réveillé en sursaut.

Les rêves dans lesquels on s’imagine passer par quelque épreuve douloureuse sont presque toujours accompagnés d’un véritable sentiment de souffrance, comme aussi ceux qui portent le caractère du sensualisme ne se produisent guère sans que nous éprouvions des sensations en rapport avec leurs images tumultueuses. Cet accord entre la cause et l’effet a lieu, suivant les cas, dans des conditions toutes différentes. Tantôt c’est la pensée qui précède la sensation. Tantôt c’est la sensation qui précède la pensée. Tantôt les images présentes à l’esprit de celui qui rêve, amenées par l’enchaînement naturel de ses idées et vivifiées par l’illusion du songe, lui feront croire qu’il éprouve réellement des sensations en rapport avec ce qu’il