Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/415

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par eux ou par nous n’offrirait pas la moindre analogie. Mais si nous ne pouvons guère imaginer les notions qui résulteraient du ministère d’un organe sensoriel absolument différent de tous ceux que nous possédons, il nous est facile du moins d’envisager séparément les idées simples qui résultent pour nous de l’action particulière de chacun de nos sens, dans l’idée générale que nous faisons de chaque objet. S’il s’agit, par exemple, de cette orange dont je parlais tout à l’heure, je puis considérer à part l’idée de sa forme ou de sa couleur, celle de sa consistance ou de son parfum, et considérées ainsi, ces idées deviennent autant d’abstractions.

La vue et le toucher donneront lieu, d’ailleurs, à plusieurs abstractions distinctes dans un grand nombre de cas, de même que certaines abstractions participeront quelquefois de ces deux sens réunis, témoin la forme sphérique de l’orange.

Ce qui a lieu, dans l’ordre physique, à l’égard des idées sensibles, se produira dans l’ordre moral, sinon par des procédés identiques, du moins d’une manière analogue, en ce qui concernera les qualités bonnes ou mauvaises que nous concevrons isolément.

Enfin l’abstraction pourra porter sur quelque détail que l’esprit détachera d’un tout complexe auquel il appartient, l’anneau d’une clef, par