Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/414

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Doué de cinq instruments différents pour percevoir tous les objets qui tombent dans le domaine de ses sens, l’homme peut naturellement se faire de chaque chose une idée plus ou moins complexe, selon qu’un seul, ou que plusieurs, ou même que la totalité de ces moyens de percevoir ont concouru à la former. Qu’il aperçoive une étoile, la notion sensible qu’il en acquiert n’est évidemment qu’une notion simple, puisque la vue seule y participe. Qu’il tienne entre ses mains une orange, qu’il la frappe et la presse, qu’il la porte à son nez, puis à ses lèvres, il possède dès lors de cet objet l’idée matérielle la plus complexe qu’il lui soit donné d’acquérir, puisque tous ses instruments de perception y ont apporté leur concours. Est-ce à dire que toutes les propriétés d’un corps nous seront parfaitement connues, par cela même que ce corps aura subi l’expérimentation de nos cinq sens ? Assurément non. Les objets que nous connaissons sous des rapports au nombre de cinq, parce que ce nombre est celui de nos sens, doivent être vraisemblablement percevables d’une infinité d’autres manières, dont l’ensemble constituerait cette science absolue des choses qui n’appartient qu’au Créateur. Il peut donc exister, dans quelque planète, des êtres doués d’appareils sensoriaux si différents des nôtres que la manière dont une seule et même chose serait perçue