Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/423

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2° Que l’esprit n’éprouve jamais d’étonnement quand les transitions s’opèrent en vertu des associations de cette espèce, bien qu’il poursuive très souvent, à travers ces changements rapides, l’idée principale qui le captive et qu’il accommode quand même aux complications les plus illogiques.

Dans le dernier rêve que j’ai rapporté, l’idée principale de la jeune fille m’avait impressionné trop vivement pour que les aspirations qu’elle avait fait naître en moi s’effaçassent aussi vite que des visions simples. Je continuai donc de lui parler, ce que je fis très doucement de peur de l’effaroucher et de la voir prendre son vol. Je la remerciai même d’avoir ainsi changé d’aspect, ce qui nous permettait de demeurer plus longtemps ensemble, sans éveiller une attention inopportune. Et quand le bec de cet oiseau vint à se glisser entre mes lèvres, j’eus assurément la mesure du rôle énorme que joue l’imagination dans nos plus vives jouissances, car je fus aussi impressionné que j’eusse pu l’être, en réalité, par le baiser le plus sensuel.

Les réminiscences du goût, comme celles du toucher et de l’odorat, peuvent se combiner parfois avec celles de la vue, et amener ainsi des appréciations complexes sur l’ensemble desquelles porte l’abstraction. Je rêve que je tiens un fruit ;