Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/424

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je veux le porter à mes lèvres ; mais il n’a point de saveur, et je m’aperçois que sa chair est fibreuse et desséchée ; je le compare mentalement à une boule de varech. La transition est opérée, c’est une boule de varech que je roule entre mes doigts.

De tels exemples pourraient se multiplier sans fin.

Abstractions de l’ordre purement abstrait. — Indépendamment des idées toutes morales, telles que la générosité, la pitié, le courage, la frayeur, etc., et de celles qui deviennent des abstractions morales par la manière absolue dont l’esprit les envisage, telles que les idées de grandeur, de petitesse, d’inégalité, etc., l’esprit de l’homme cultivé conçoit un très grand nombre d’idées plus ou moins complexes, résultant des conditions de l’état social : croyances, traditions, symboles, etc. Toutes ces idées peuvent donner lieu à un genre d’abstractions que, par opposition aux abstractions des qualités de l’ordre sensible, je nommerai abstractions de l’ordre purement abstrait.

Si je crois voir, en songe, un portrait de saint Pierre, par exemple, et si mon esprit se prend à considérer abstractivement la religiosité du sujet, il en pourra résulter que je reporterai cette idée sur quelque personne pieuse de ma connaissance, à laquelle cette seule abstraction me fera penser.