Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/426

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à l’ordre sensible et vice versa. En voici deux exemples :

« J’aperçois en rêve un buste de Napoléon Ier ; sa soif insatiable de luttes sanglantes se présente abstractivement à mon esprit. Je vois alors une plaine jonchée de cadavres, tableau qui, par un second enchaînement d’idées analogues, me remémore une description de Notre-Dame de Paris, et me voilà transporté au charnier de Montfaucon. »

— « Je me crois dans la cour d’une auberge où des chevaux de luxe et des chevaux de charrue se pressent, tous ensemble, à l’entour du même abreuvoir. L’inégalité des soins qu’on donne à ces chevaux et des fatigues qu’on leur impose me venant à l’esprit, je reporte aussitôt (et sans m’en douter, bien entendu) cette idée abstraite d’inégalité sur les conduits par où l’eau s’écoule. Je voyais tout à l’heure un abreuvoir avec quatre tuyaux de plomb de proportions identiques, et maintenant ces tuyaux m’apparaissent tous quatre d’inégale longueur. »

Les abstractions sont une opération de l’esprit si fréquente qu’il serait difficile, je crois, d’analyser minutieusement un rêve d’une certaine étendue sans en découvrir plusieurs. Il en est, du reste, un peu de nos rêves comme de ces mélanges chimiques très compliqués dans lesquels une infinité de choses sont combinées. L’essentiel n’est