Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/425

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Je rangerai volontiers dans cette classe d’abstractions une opération de l’esprit extrêmement fréquente en rêve, par laquelle nous nous assimilons tout à coup l’ensemble d’une situation que nous avions imaginée d’abord en dehors de nous. Je suis témoin d’une querelle entre deux personnes. Je prends moralement parti pour l’une des deux ; je pense à ce que je dirais si j’étais à sa place ; et presque aussitôt je parle pour mon propre compte, car je me suis substitué à l’individualité de celle pour qui je prenais parti, et de spectateur je suis devenu acteur.

J’assiste, en rêve, à quelque accident terrible ; la situation d’un blessé m’inspire une pitié profonde. Je m’imagine ce qu’il doit souffrir, et c’est moi, dès lors, qui suis le blessé.

Un procès criminel m’a fait impression. Je me souviens du crime, sans songer au meurtrier que je n’ai d’ailleurs jamais vu, et dont je ne saurais posséder aucune idée-image. Je me représente combien il doit être terrible d’avoir sur la conscience une telle action. Je suis désormais identifié aux tourments de celui qui peut l’avoir commise. Si c’était moi ! C’est déjà moi. Je fuis, je tremble d’être reconnu. Je me rappelle avec horreur toutes les circonstances de l’assassinat, et j’en ressens tout le remords.

Quelquefois l’esprit passe de l’ordre abstrait