Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vois maintenant, c’est une longue corbeille remplie de linge blanc. »

« Un visage criblé de petite vérole m’apparaît d’abord ; son aspect me rappelle sans doute celui d’un bois tacheté avec lequel on fabrique des pommes de canne. Les traits s’amoindrissent et s’immobilisent, le teint devient plus sombre ; la chevelure est remplacée par une plaque d’or ; le cou s’allonge indéfiniment. La métamorphose est accomplie. C’est une canne que j’ai devant moi. »

Les abstractions en vertu desquelles se sont opérés ces changements à vue ne sont-elles pas faciles à saisir ?

Une troisième observation que je rapporterai encore appartient évidemment au genre de phénomène que j’ai appelé la superposition d’images. Les deux exemples qui précèdent ont fourni quelques nouvelles preuves du pouvoir qu’a l’imagination de modifier les clichés-souvenirs de la mémoire [1] ; celui-ci donnera surtout à réfléchir quant au mécanisme physiologique de nos visions.

« J’étais dans la période transitoire de l’assoupissement

  1. À supposer, en effet, et contre toute vraisemblance, qu’il ait existé dans les immenses casiers de ma mémoire deux clichés-souvenirs correspondant exactement aux deux images extrêmes de cette double hallucination, les visions de la période transitoire demeureraient encore inexplicables, autrement que par la puissance créatrice de l’imagination.