Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La jeune fille avait à la main un maillet. Je m’irritais de ce qu’elle se laissât battre sans se défendre ; je ne pouvais aller à son secours, je ne sais pourquoi, et je lui criais vainement de frapper à son tour. Tout à coup, c’est moi qui me trouve être l’apprentie ; j’ai assené avec rage un coup de maillet sur le front de l’homme odieux qui me torturait. Je le contemple sanglant et renversé. Je crains ensuite qu’on ne m’arrête ; je relève mes cheveux, je les noue derrière ma tête, je fuis et je prends garde d’accrocher ma robe aux fourches de bois sur lesquelles s’étirait le chanvre tordu. » J’avais quatorze ans quand je fis ce rêve.

Dans la seconde observation, de date beaucoup plus récente, c’est encore une situation très pénible que je m’assimile.

« J’étais chez des sauvages, Indiens ou Indous, je n’en sais rien. Sur un bûcher était attachée une jeune femme à demi nue, dont la beauté stimulait encore le profond sentiment de pitié qui me pénétrait. Des langues de feu effleuraient déjà ses jambes finement profilées. Ce spectacle me navrait. Je me figurais toutes les angoisses et toutes les pensées tumultueuses que cette malheureuse devait avoir. Même phénomène que précédemment ; même transposition, inconsciente dans son accomplissement, bien caractérisée néanmoins dans son résultat. Je me crois de bonne foi cette femme exposée au supplice du feu.