Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/446

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action cruelle, et tout en luttant contre mes propres hésitations, je ne parviens pas à les vaincre, car les deux sentiments qui se combattent ne peuvent se fusionner comme les deux images qui les inspirent. Je subis donc passivement cette confusion monstrueuse, sans me rendre compte de sa bizarrerie, et partant sans m’en étonner. »

Deux idées disparates qui marchent ainsi de front sont un phénomène très fréquent dans nos songes, et l’une des sources principales d’incohérence. Elles se concilient autant qu’elles le peuvent, ce qui n’est pas beaucoup dire en mainte circonstance, et l’esprit accepte généralement avec beaucoup de complaisance les anomalies qui en sont le résultat. Exemple : « Deux juments de même robe m’apparaissent en songe, formant un attelage parfaitement assorti. Je les compare à deux sœurs jumelles. Ce sont alors deux jeunes filles qui tantôt traînent la voiture et tantôt me semblent assises dans cette voiture. On les conduit ensuite à l’écurie, où elles se trouvent couchées dans des lits très blancs. »

Une charmante artiste me dit un jour : « Il faut que je vous raconte un singulier rêve que j’ai fait. J’ai rêvé cette nuit qu’un énorme lion blanc était entré dans ma chambre. J’en avais d’abord une peur effroyable. Il sautait d’un meuble sur un autre et je ne savais où me réfugier ; pourtant,