Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/454

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à la broche figurent parmi les plats qu’on nous a servis. Rien de semblable, bien entendu, ne se réalise à l’heure du déjeuner véritable ; mais j’apprends qu’on avait pris, le matin même, et apporté à la cuisine toute une nichée de petits renards vivants. » Ma chambre est assez loin de la cuisine, mais est-il supposable que le rapprochement d’un rêve aussi bizarre et d’un incident aussi exceptionnel puisse être le résultat d’une simple coïncidence ? N’est-il pas, au contraire, à peu près certain que l’odeur sauvage des jeunes renards, combinée avec celle des fourneaux de la cuisine, a dû monter jusqu’à moi, si ténue qu’elle pût être, et qu’il faut voir dans ce singulier rêve le produit complexe d’une exquise perception de l’odorat ?

Logique des rêves. — « Dans un chemin rural, qui borde une large rivière, je vois arriver et défiler devant moi un régiment, musique en tête. Toutefois, et bien que cette musique passe tout à fait à côté de moi, bien que je distingue chaque musicien dans l’attitude d’un homme qui joue de son instrument, je n’entends pas le moindre son. Ma mémoire, je suppose, ne retrouvait en cette circonstance qu’une réminiscence sensoriale de la vue ; aucune marche militaire ne me revenait à l’esprit. Mais, pour voir passer des musiciens sans les entendre, il faut qu’ils soient très loin de nous.