Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/463

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ait su le modifier, l’approprier à l’emploi qu’elle en voulait faire et l’encastrer enfin dans le tableau [1].

J’ai parlé de la façon de rappeler dans un songe certaines impressions agréables, et j’ai dit aussi que pour écarter brusquement une illusion pénible, alors qu’on a le sentiment que ce n’est qu’une illusion, il suffisait le plus souvent de fermer les yeux (en rêvant). L’observation que je vais rapporter nous montre comment un courant d’idées-images peut être modifié. « Ayant rêvé une première fois, sans qu’il me soit possible de deviner par quel caprice de mon imagination, que j’avais senti un mouvement autour de mon cou, dans ma cravate, et qu’en y portant la main je m’étais aperçu que j’avais pour cravate un serpent, cette impression m’avait été horriblement désagréable, et la moindre réminiscence ramenait désormais ce rêve qui devenait ainsi mon cauchemar. J’avais bien le sentiment que ce n’était qu’un songe, mais le retour de l’illusion était si rapide que je n’avais aucun raisonnement à lui opposer. Je vis là l’occasion d’une expérience. Je pris une ceinture de

  1. Le fait de revoir les choses, en rêve, autrement qu’elles ne sont en réalité se manifeste surtout dans les visions de sites ou d’intérieurs de maisons. La mémoire des lieux se montre à cette occasion moins sûre et moins fidèle que la mémoire des personnes ou des événements accomplis.