Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/462

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voir. Penser à un objet, répéterons-nous toujours, c’est le voir. Je vois donc ce tapis ; je suis transporté dans ma chambre, et tout en oubliant le raisonnement qui m’y a conduit, car le sommeil a repris toute son intensité, c’est de là que mon rêve reprend sa vivacité et se continue. »

Trois points me paraissent dignes d’attention dans ce dernier rêve : 1° l’effort réel qui a suivi la manifestation de ma volonté et le sentiment que j’en ai eu ; 2° la préoccupation de ma situation véritable qui a dominé mon désir de continuer le premier rêve, de même qu’il nous arrive parfois, dans la vie éveillée, de ne pouvoir secouer une forte préoccupation ; 3° une circonstance particulière que je n’ai pas mentionnée dans la relation qui précède, mais dont j’avais pris note néanmoins, c’est qu’ayant bien examiné les tilleuls de mon rêve, alors qu’ils m’apparaissaient avec une netteté minutieuse, je gardai suffisamment le souvenir de la disposition de leurs troncs et de leurs branchages pour pouvoir constater ensuite, dans la journée qui suivit ce rêve, qu’entre ces visions et l’aspect des tilleuls véritables il n’y avait pas identité. L’œuvre de l’imagination était donc ici manifeste, soit que cette faculté ait eu le pouvoir d’inventer complètement les arbres qu’elle avait offerts à mes regards internes, soit que, tirant parti de quelque cliché fourni par la mémoire, elle