Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/482

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aussitôt la représentation effective, je dirai que la seule crainte ou même la seule idée de s’abandonner à quelque action coupable a pour résultat instantané de faire croire au rêveur qu’il exécute précisément ce qu’il a redouté. L’homme peut se défendre de commettre une action mauvaise, mais non pas s’empêcher d’en avoir la pensée. Or, avoir en rêve la pensée d’une chose, c’est inévitablement l’accomplir.

Nous sommes donc privés de notre libre arbitre, en ce sens que les événements s’accomplissent alors sans aucune participation de notre volonté (et même malgré notre volonté), et cela en moins de temps qu’il n’en faudrait pour faire la moindre réflexion ; mais de ce que la réflexion est devancée par la précipitation des événements, il ne s’ensuit nullement que la faculté de réfléchir ait été supprimée, et quiconque s’observera bien reconnaîtra précisément dans le phénomène qui nous force à subir quelquefois des visions fâcheuses celui qui nous permet, en d’autres circonstances, de rêver l’accomplissement de nos désirs.