Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/493

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m’apparaissaient de tous côtés. Enfin, de temps en temps, l’idée que je m’étais suicidé traversait mon esprit troublé comme un éclair lugubre dans une nuit d’orage ; et je me demandais si ce que j’éprouvais ne serait pas le désordre moral de l’agonie, ou bien si cet état de choses n’était pas la mort elle-même, et par conséquent le repos éternel que j’avais cherché. »

Telles furent les impressions dont je pus me souvenir. Elles ne forment peut-être pas la millième partie de tout ce qui me traversa l’esprit. L’exaltation de la sensibilité morale était violente ; mais, dans le caractère et dans la marche des idées, je ne découvre rien qui ne me confirme dans l’opinion que l’étude analytique des songes naturels suffit pour expliquer les phénomènes morbides les plus variés.

Le réveil arriva graduellement. En même temps qu’elles avaient perdu de leur netteté mes visions étaient devenues plus calmes. J’eus une période de somnolence assez douce, peuplée d’images fugitives dont plusieurs étaient gracieuses ; et j’ouvris cinq ou six fois les yeux presque sans voir, avant <le reprendre définitivement possession de ma vie réelle.

Je passai toute la journée qui suivit cette nuit agitée dans un état de torpeur physique et morale où la mémoire surtout me faisait défaut. Persuadé toutefois que cette situation même était très-favorable pour analyser le désordre particulier d’esprit dans lequel je me sentais, je pris ma plume d’une* main fort lourde et je notai mes impressions les yeux à demi fermés. Si cet autre fragment n’est pas aussi intéressant que je le supposais en l’écrivant, il offre pourtant, sur un état intermédiaire entre la veille et le sommeil, quelques indications significatives qui me décident à le donner également ci-après :

« C’est un singulier état d’esprit que celui dans lequel