Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/58

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On était loin d’ailleurs de s’en tenir à la seule interprétation des rêves fortuits. Dès l’antiquité la plus reculée, l’usage existait en Égypte, d’où il s’était répandu en Grèce et dans le reste de l’orbis vetus, d’appliquer l’onéirocritie sacrée à la cure des maladies rebelles, par le moyen de songes provoqués et attendus. Diodore nous apprend que dans le temple d’Isis on s’endormait afin d’obtenir, en rêve, des secrets pour recouvrer la santé. À la fois médecins et pontifes, les prêtres de cette divinité possédaient et se transmettaient l’art d’endormir les malades et de pénétrer ensuite, assuraient-ils, la signification des songes lumineux qu’on leur racontait [1]. Cette pratique s’appelait incubation, et les prêtres en l’exerçant sacrifiaient aux incubes. Sprengel en cite plusieurs exemples [2]. Plaute y fait allusion quand il dit : Incubare satius te fuerat Jovi : « Tu aurais mieux fait d’aller dormir dans le temple [3]. » Ce même usage fut d’ailleurs si répandu que le docte Henry Coringhius a cru devoir publier un traité complet sur ce sujet, ayant pour titre : De incubatione in Janis Deorum medicinae causa olim facta.

L’empereur Antonin Caracalla, fils de Sévère,

  1. Diodore, liv. I, ch. XXV.
  2. Hist. Pragmat. de la médecine, tome I.
  3. Curculio, act. II, sc. II.