Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/61

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nature de ces rêves, et qu’ils parvenaient ainsi à former leurs conjectures sur des bases d’autant plus solides qu’une longue expérience en pouvait être le fondement.

Pourvu qu’on fasse quelque cas de ces études, on éprouve donc un très vif désir d’analyser les principes mêmes de la science onéirocritique. Si les documents primitifs n’existent plus, il nous reste du moins les cinq livres du grec Artémidore (ὀνειϱοκϱίτικων) qu’on sait avoir été composés au second siècle de notre ère, d’après les traditions les plus accréditées et les mieux consacrées à cette époque. On ouvre avec une certaine curiosité ces longues et minutieuses dissertations sur les songes du contemporain de Marc-Aurèle et d’Antonin le Pieux ; mais combien on est promptement déçu dans les espérances qu’on avait conçues ! À peine a-t-on lu quelques chapitres de cet ouvrage que déjà tout l’intérêt qu’on lui soupçonnait s’est évanoui. On a reconnu déjà que, loin de révéler une observation fine et sérieuse, les interprétations de ces devins reposent uniquement sur des superstitions mythologiques, des théories factices, ou des comparaisons arbitraires, parfois bizarres jusqu’à l’extravagance, souvent naïves jusqu’à la puérilité <ref>On ne lira peut-être pas sans intérêt, au sujet de certaines