Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/60

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Aristophane le comique affirme l’existence de cette même coutume, lorsqu’il en fait l’objet d’une satire sanglante dans sa comédie de Plutus [1].

Virgile, enfin, nous décrit ainsi ce qui s’accomplissait dans le temple de Faune :

... Huc dona sacerdo.
Cum tulit et caesarum ovium sub nocte silenti
Pellibus incubuit stratis, somnosque petivit, etc. [2]

En voyant cet accord unanime des anciens à se préoccuper si fort des illusions du sommeil, en lisant même dans quelques écrivains sacrés qu’il y avait parmi les païens des hommes qui se vantaient de pouvoir envoyer des songes à leur gré [3], l’idée vint d’abord que ces prêtres et devins, si habiles interprètes ou si puissants instigateurs de visions prétendues divines, devaient, sous l’apparence du merveilleux, cacher une connaissance approfondie des phénomènes psychologiques et physiologiques particuliers au sommeil ; qu’ils avaient saisi d’intimes corrélations entre les conditions physiques et morales du dormeur et la

  1. Act. III, sc. II.
  2. Ænéïde, VII.
  3. Saint Justin, Apolog., 1, N°18. Tertullien, Apolog, c. XX.