Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/65

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ctionnement une même chose et digne d’y penser, car quand nous avons grand affection à quelque chose nous ne pouvons tenir d’y penser et aussi d’en parler : mais si les mesmes songes sont veuz avec longue espace de temps entre eux ils ne doivent pas toujours signifier mesme chose, mais plutôt diversement selon le changement du temps et des affaires.

« À ce propos un vendeur de senteurs et parfums songe qu’il avoit perdu le nez, et il perdit sa marchandise et n’en vendit plus : car il avoit perdu le nez par lequel on juge les odeurs. Longtemps après et n’étant plus vendeur de parfums, il songea ce mesme sujet qu’il n’avoit point de nez : et il fut accusé de fausseté, et s’en alla fugitif hors de son pays : car c’est une chose bien laide et déshonorable d’avoir perdu le nez, qui est au plus apparent lieu de la face. Iceluy même parfumeur, estant quelque temps après malade, songea encore qu’il n’avoit point de nez et il mourut : aussi les testes de mort n’ont point de nez. Ainsi un mesme songe, en un homme, par trois fois diverses signifia diversement. »

Et cependant, dès le cinquième siècle avant notre ère, ce génie puissant qu’on nomme Hippocrate avait planté d’admirables jalons pour ceux qui eussent voulu s’engager dans le vrai chemin, en ce qui concerne l’étude des rêves pathologiques. Faisant d’abord la part aux idées de son