Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/92

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mêmes et toujours spontanément. Mais cette proposition en elle-même est-elle soutenable ? Souffre-t-elle l’analyse ? Est-elle appuyée sur des faits prouvés ?

Si l’on comprend la cessation de la puissance active de l’esprit sur la matière, la suspension momentanée de ces lois mystérieuses qui permettent à l’âme d’agir sur le corps, comprendra-t-on avec la même facilité que l’esprit cesse d’agir sur lui-même, qu’il veuille penser à une chose, par exemple, sans accomplir ipso facto la volonté qu’il a d ’y penser ? S’il y pense et si les images des objets sur lesquels se porte cette pensée volontaire lui apparaissent, ne fixera-t-il point réellement son attention sur eux ? ne portera-t-il aucun jugement sur ce qu’il croit voir ? En principe, une telle opinion me semble inadmissible. Dans la pratique, j’acquiers des preuves nombreuses de sa fausseté [1]. Il est curieux du reste de constater comment les physiologistes, embarrassés de préciser le rôle des diverses facultés de l’esprit pendant le rêve, n’ont rien trouvé de mieux pour se tirer de peine que d’en décréter arbitrairement la suspension plus ou moins complète. Sans empiéter sur le domaine des écrits contemporains que nous examinerons à leur tour et pour ne parler que

  1. Voir plus loin, aux Observations pratiques