Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/94

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esprit sur lui-même, animi in sese recessus, ainsi que l’ont dit les maîtres de l’antiquité ; c’est en un mot la concentration de toutes nos pensées sur des objets qui ne sont présents que dans notre imagination ou nos souvenirs, mais qui s’animent et semblent prendre une forme sensible dès que nos sens sont fermés au monde extérieur ; exactement comme les images de la lanterne magique se dessinent nettes et colorées, aussitôt que l’on a intercepté toute communication avec la lumière du dehors.

Il est donc essentiel assurément, pour amener le sommeil, que l’âme renonce à faire exécuter aux muscles et aux nerfs soumis à sa puissance aucun de ces mouvements volontaires qui sont le propre de la vie de relation, en même temps qu’elle cesse d’apporter son attention aux choses du dehors ; mais, pourvu que l’esprit s’abandonne momentanément à cette vague rêvasserie qui peu à peu devient le rêve, non seulement le sommeil arrive sans lui enlever aucune de ses forces actives, mais une fois le rêve formé, l’esprit continue d’accomplir, comme dans l’état de veille, tous ces phénomènes intellectuels que l’on est convenu d’appeler ses facultés. Il examine avec attention, il compare, il porte des jugements réfléchis sur ce qu’il croit voir, entendre, goûter, sentir ou toucher, et s’il a souvent des idées confuses, s’il porte parfois des jugements extravagants, c’est à