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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/100

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

de toi, Pierre, s’écria sa femme ; tiens, je le sens, ce que nous faisons là nous portera bonheur. »

Quelques jours après l’adoption du petit nouveau venu, auquel Louise tint à donner le nom de Louis, la Saint-Louis rappela à Pierre Rigault la fête de sa femme.

Il apporta sur sa table à ouvrage un volumineux paquet. C’était une pelisse de laine grise ouatée ; Louise comprit l’intention de son mari ; ce vêtement était pareil à celui de son Jacques ; elle le remercia d’avoir songé à son protégé plutôt qu’à elle.

« C’était votre fête à tous les deux, répondit Pierre, et puisqu’il est notre fils à présent, faut bien le traiter comme tel. »

L’enfant fut vêtu comme son frère Jacques, nourri du même lait, soigné par les mêmes mains, aimé avec le même dévouement par la pauvre sabotière de Morancé. Seulement elle passa plus de nuits à cause de ce surcroît d’occupations, et ses heures de repos devinrent bien rares.

C’est ainsi que sous le regard de Dieu ces deux femmes, la grande dame et l’ouvrière, accomplissaient le bien, le faisant selon leurs moyens, et s’y dévouant toutes deux tout entières.