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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/102

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

calme et belle nature ; elle s’y recueillait en elle-même et en Dieu ; elle aimait à admirer le Créateur bienfaisant dans la splendeur de son œuvre, loin des bruits du monde, loin de ses agitations ; elle l’entendait et le comprenait mieux ; et quand, arrivée au haut d’une colline, elle découvrait les plaines fertiles s’étendant à perte de vue, baignées par les flots de la Loire, il lui arrivait parfois de s’agenouiller et de sentir des larmes de reconnaissance monter à ses yeux.

Un jour, elle rencontra sur le bord de la route un enfant de cinq ans à peu près, proprement et pauvrement vêtu. Il pleurait près d’un panier vide posé à côté de lui.

« Qu’as-tu, mon petit ami ? dit Mme de Méligny en s’approchant de lui, pourquoi pleures-tu !

— Là ! là ! madame, répondit l’enfant, je suis perdu dans les bois, moi, et j’ai bien du chagrin de ne pas revenir chez nous.

— Tu es perdu, mon pauvre petit ? Essuie tes larmes, je vais te ramener chez ta maman ; où demeure-t-elle ?

— Elle est à Morancé, tout là-bas, bien loin ; elle m’a dit après la messe : « Jacques, porte cette paire de sabots chez le père de François Pitou ; » moi, j’ai dit oui, je suis parti ; je connais bien la maison des Pitou, papa m’y a mené souvent ;