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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/108

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

vidence, qui voulait la conserver à ses pauvres, la sauvèrent.

Son rétablissement fut une fête générale à Morancé ; quand elle reparut, pâle encore, entre sa mère, son mari et ses enfants pour se rendre à l’église, la joie se lisait sur tous les visages. Une émotion céleste rayonnait sur le sien, lorsqu’en descendant de voiture elle fut reçue par tous les petits enfants de son asile, qui vinrent dans leurs plus beaux habits lui offrir des bouquets.

Avant l’office, on entonna une sorte de cantate composée en son honneur par le maître d’école, que chantèrent de tous leurs poumons les jeunes filles et les garçons de Morancé. Le bon curé monta en chaire, fit un simple et éloquent sermon sur la charité, dans lequel beaucoup d’allusions aux vertus de la marquise prirent leur place tout naturellement.

Quand la fille de la marquise, la jolie petite Cora, après avoir rendu le pain bénit, passa, tenant dans sa main mignonne la bourse de quêteuse, les pièces blanches y tombèrent à l’envi ; le mendiant même y déposa son obole, et les petits enfants se levèrent sur la pointe de leurs pieds pour y mettre le sou du dimanche. Les économies faites par les grands pour le cabaret, et par les petits pour la marchande de gâteaux, allèrent grossir l’humble trésor de l’église de Mo-