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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/112

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

faitrice. Elle leur manquait à eux et à tous ceux qui souffraient à Morancé ; l’or ne soulage pas tous les maux, il n’est efficace que contre la misère, mais la douce pitié de Mme de Méligny se répandait comme un baume sur toutes les douleurs. Malheureusement pour le village, à mesure que ses enfants grandirent, elle se trouva obligée, pour les soins de leur éducation, de prolonger son séjour à Paris.

La marquise voulut élever elle-même sa fille et garder le plus longtemps possible auprès d’elle son fils René.

L’hiver, le frère et la sœur recevaient des leçons de maîtres distingués ; leur mère y assistait toujours. L’été, à la campagne, elle était leur institutrice, elle ne voulait mettre personne entre sa fille et elle ; son plus cher désir était de l’élever seule, et de graver dans l’âme de Cora les préceptes qui guidaient sa vie.

Lorsqu’elle tardait à revenir au château, son absence était le sujet de la préoccupation de tous à Morancé ; bénie et révérée de toutes les familles, on ne l’aimait nulle part plus que dans la famille du sabotier. Chaque jour, après leur prière, les enfants de Louise disaient naïvement :

« À présent, prions pour la dame, cela la fera venir demain. »