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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/114

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Pierre ne résista pas à une si belle offre ; il décida, non sans peine, sa femme à quitter Morancé, et quelques jours après toute la famille Rigault prit la route de Lussan.

L’oncle Thomas, quinteux, vaniteux et égoïste, avait un grand orgueil de l’argent qu’il possédait, et en faisait sentir lourdement le prix à ceux qui l’entouraient.

Louise reconnut vite les vices de cette nature si différente de la sienne, et pressentit qu’elle aurait beaucoup à souffrir par ce vieillard, car, au lieu d’un protecteur, sa famille avait trouvé un maître.

En effet, au bout de peu de temps, Thomas ne manqua pas de reprocher à Louise, d’une manière indirecte, sa pauvreté, et prétendit que Pierre avait fait une folie en l’épousant.

Trop douce et trop résignée pour répondre, la pauvre femme se taisait devant ses attaques, laissait couler en silence quelques larmes que Louis essuyait avec ses baisers.

Elle serrait alors plus étroitement sur son cœur, cet enfant qui semblait la comprendre et l’aimer par-dessus tout. Il était pour elle une source de consolation et de joie incessantes. Quand elle l’entendait mêler son rire à celui de ses jeunes sœurs, il lui semblait qu’une voix secrète murmurait à son oreille :