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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/123

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

— C’est… à Vierval, pas loin de Morancé où vous demeuriez avant de venir ici.

— Oui, dit Louise en soupirant, quand je voudrai le voir, il me faudra faire vingt kilomètres ! »

Mais elle comprit que la résolution de son mari était prise. Elle se tut et se leva pour monter se coucher.

En passant par la chambre des garçons, où Jacques et Germain dormaient de tout leur cœur, elle s’approcha du lit de Louis.

L’enfant était pâle ; sa joue portait encore la trace d’une larme. Elle se pencha et le baisa au front.

Louis entr’ouvrit ses yeux tout gros encore de pleurs, et se soulevant sur son lit, ouvrit ses bras pour rapprocher sa mère de lui ; il murmura alors d’une voix tremblante :

« Je sais tout, je ne suis plus ton fils !

— Tais-toi, Louis, mon enfant, fit-elle en mettant sa main sur la bouche du jeune garçon ; tu es mon fils plus que jamais, un fils donné par le bon Dieu à mon cœur.

— Tu m’as défendu, toi, continua Louis après avoir sangloté silencieusement sur son épaule ; mais lui, mon père, il voulait me renvoyer et ne disait pas non quand on parlait de me chasser ; il n’attendra pas, je ne mangerai pas longtemps ce pain qu’il me reproche ; je partirai d’ici, et