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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/127

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

peut-être pas ce que c’est ; si tu n’obéis pas… gare aux coups.

— On ne te battra pas, mon Louis, ne crains rien, dit Louise à l’enfant qui la regardait d’un air effaré ; pourquoi fais-tu peur à ce pauvre petit, Pierre ? Seront-ils assez méchants pour le battre, lui qui est si faible ? N’est-ce pas assez triste de nous quitter sans qu’il ait peur d’être battu.

— On ne me battrait pas deux fois, s’écria Louis, dont les yeux étincelèrent.

— Et pourquoi ? demanda le sabotier.

— Parce que je m’en irais.

— Toi ? et où donc irais-tu, mon pauvre petit ? tu mourrais de faim sur les routes.

— Je reviendrais chez no…

— Chez nous, oui, dis chez nous, mon fils, fit Louise, tu es chez toi ici, et tu trouverais toujours là ta mère pour te soigner et te recevoir… Voyons, Pierre, continua-t-elle en s’adressant au sabotier qui branlait la tête, pourquoi tourmenter ce pauvre enfant ? Il est venu là, bien gentiment te demander un bon adieu avant de partir, et au lieu de lui ouvrir tes bras, tu vas le rudoyer. Allons, embrasse-le, mon homme, ne fais pas souffrir les petits cœurs, parce que ça offense le bon Dieu et puis ils s’en souviennent quand ils sont grands. Va, Louis, promets à ton père d’être bien sage et embrasse-le bien. »