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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/130

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Louis laissa tomber une larme dans son lait, y mêla son pain et mangea.

Il alla ensuite faire ses adieux à son père, à l’oncle Thomas qui lui dit en ricanant :

« J’espère, feignant, que tu ne garderas pas ton nom là-bas.

Louise et les enfants devaient l’accompagner un bout de chemin ; on se mit en route silencieusement ; Germain portait le paquet de son frère ; Catherine, la plus jeune des sœurs, tenait un panier plein de cerises pour le déjeuner de Louis ; Jacques lui donnait le bras, et il sortait par instants de sa poitrine un soupir désolé.

Personne ne rompit le silence jusqu’au carrefour au milieu duquel s’élevait une croix qui marquait le lieu de séparation.

Louis se jeta dans les bras de sa mère ; la pauvre femme qui s’était contenue jusqu’à ce moment, fondit en larmes.

« Adieu, mon fils, mon dernier venu et mon premier parti ! Adieu, mon enfant, sois courageux, ta mère pensera à toi ! Ô mon Dieu, s’écria-t-elle en tombant au pied de la croix, je vous le confie, je vous le donne ; il me quitte, mais vous restez ; bénissez notre enfant, veillez sur lui et consolez-le. »

Les petites sœurs répétèrent : « Ainsi soit-il, » d’une voix tremblante.