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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/150

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

— Le feu ! où donc ? mon Dieu ! il faut y envoyer du monde ; les domestiques sont-ils sur pied ?

— Oui, madame, Étienne a couru tout de suite ; il a fait lever les gens du château ; tenez, entendez-vous les seaux qu’on emporte et le bruit de la pompe ? »

Béatrice descend sur la terrasse du château ; de là elle aperçoit les lueurs rougeâtres de l’incendie sur la gauche du village.

« Mais où donc est le feu ? répète-t-elle prêtant l’oreille aux accents confus, aux cris d’angoisse qui arrivent jusqu’à elle ; malheureuses femmes que nous sommes, que pouvons-nous faire dans cet horrible moment ? N’importe, Julie, je vais aller voir ce qui se passe, et m’assurer que les secours sont bien organisés ; ne quittez pas ma fille, calmez-la. Peut-être, par ma présence, pourrais-je animer le zèle des travailleurs. »

Elle part alors, sans écouter les représentations de Julie. Elle vole jusqu’au lieu où sévit le fléau terrible.

Quel spectacle alors frappe ses regards !

Cette maison blanche et joyeuse entourée d’un jardin fleuri, où sa charité a réuni l’innocence, où elle a ouvert un asile à des petits anges abandonnés, cette chère maison, l’objet de sa sollicitude et la cause de ses plus nobles joies, n’est plus, d’un côté déjà, qu’un monceau de décom-