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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/164

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

« Qu’avez-vous là, Béatrice ? s’écria-t-il, que vous est-il arrivé ?

— Cher père, c’est une histoire héroïque que vous saurez, répondit Cora ; baisez d’abord cette blessure : c’est une marque de gloire au front de ma mère.

— Ses folies ! toujours, dit le marquis en prenant avec un sourire attendri la main de sa femme qu’il passa doucement sous son bras ; allons, venez, madame : vous faudra-t-il toujours surveiller comme un enfant ? »

Quand on fut entré dans le salon, Cora raconta avec une éloquence qui venait de son âme, de son admiration et de sa tendresse pour sa mère, cette héroïque histoire, comme elle disait, dont elle n’avait pas été le témoin, mais que les récits de tous lui avaient apprise. Quand elle eut fini, le marquis tomba à genoux devant sa femme, il appuya ses lèvres respectueuses sur sa blessure.

« Ange ! s’écria-t-il, cher ange ! gloire et joie de ma maison, que je suis ingrat de ne pas bénir Dieu tous les jours de vous avoir donnée à moi et de ne pas l’adorer sans cesse en vous ! »

René apporta sa triomphale couronne pour changer les larmes en sourires, et cette belle demeure fut témoin pendant toute cette journée des plus saints bonheurs de la famille.

On visita ensemble la maison provisoire des