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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/166

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

les dix mille francs du marquis en avaient acheté une bonne partie, les amis de Béatrice firent le reste.

Il n’était pas dans ses habitudes de mettre personne à contribution pour ses pauvres et d’associer ses relations à ses charités : on connaissait ses œuvres, on admirait le noble emploi qu’elle faisait de sa richesse : aussi s’empressa-t-on de se joindre à elle dans cette circonstance avec un véritable élan. Elle envoya des invitations à tous ses amis et connaissances pour le tirage de la loterie.

Un soir, l’immense galerie Louis XV, à balustres de marbre, du château de Morancé, s’illumina pour les invités : les lots étaient étalés sur une vaste table : la corbeille posée au milieu contenait les numéros.

Quand toutes les femmes se furent assises on vit arriver les héros de la fête : c’étaient les petits garçons de l’asile d’un côté, et les petites filles de l’autre, dans leur propre et modeste costume du dimanche, portant des bouquets qu’ils vinrent offrir aux dames. On les emmena jouer dans le parc et on ne garda que Remy et sa petite sœur pour tirer les billets. Après qu’ils eurent fini, le petit Remy passa des genoux d’une duchesse sur ceux d’une ambassadrice. On lui demanda s’il avait eu bien peur ; on fit cercle au-