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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/172

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

dant les heures silencieuse qu’il passait près de ses moutons avec un livre de botanique à côté de lui. Il ne songeait pas même à l’ouvrir, quoiqu’il aimât cette science et qu’il l’eût déjà cultivée avec succès. Ce livre donné par la marquise la lui rappelait encore et renouvelait sa tristesse.

Les jours où il s’occupait de quelque agneau ou de quelque brebis malade étaient les meilleurs pour lui. Il aimait son troupeau et ses chiens, et avait su se faire aimer de ces doux et fidèles animaux.

Leur affection le consolait et calmait souvent son chagrin. Le soir, quand le troupeau bien compté reposait dans l’étable, que Roitelet, son agneau favori sommeillait sur sa poitrine, Louis entamait des conversations avec Moricaud, son chien noir, comme s’il eût pu le comprendre, et l’intelligente bête écoutait sa voix et léchait les larmes qui tombaient sur les mains de Louis en se souvenant de sa mère.

Deux mois se passèrent. La fête de Noël, qu’on célèbre bien plus dans les campagnes que celle du jour de l’an, approchait ; Louis la voyait venir avec tristesse. Pour la première fois, il n’embrasserait pas Louise ce jour-là et ne s’assiérait pas à la table de famille autour de laquelle souriaient ses frères et sœurs. La veille, quand la cloche appelant les fidèles à l’église s’ébranla