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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/173

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

vers minuit, le petit berger se mit à genoux pour prier le bon Dieu.

Il récita tout haut ses oraisons ; puis il ajouta avec une profonde ferveur :

« Mon Dieu ! je vous prie pour maman, pour qu’elle n’ait pas trop de chagrin de ne pas me voir, un jour de si grande fête où tout le monde se réjouit, et que tout le chagrin soit pour moi ! »

Il se baissa alors, serra Moricaud contre son cœur et l’embrassa comme un ami ; car il avait besoin, dans son émotion, de sentir un être vivant auprès de lui.

Le matin de Noël, on lui permit d’aller à la messe. François Lourdet, quoique brusque et sévère, n’était pas méchant. Il estimait cet honnête petit garçon qui faisait son devoir avec bonne humeur et obéissance, et il exécutait volontiers envers lui les ordres de la marquise de Méligny.

« Pourquoi as-tu les yeux rouges ce matin, mon garçon ? demanda-t-il à Louis. Je parie que t’aurais envie d’embrasser papa et maman !

— Oh ! oui, répondit Louis, qui fit un grand effort pour se maîtriser, mais quand les choses ne se peuvent pas, je ne les souhaite pas.

— Allons ! va à la messe, vite, tu reviendras me parler après. »

L’enfant courut à l’église.