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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/175

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

— Oh ! mon Dieu ! que je suis heureux ! murmura le petit berger, auquel la joie avait coupé la parole. Ma mère, ma bonne mère ; oh ! merci, not’maître ! »

Et il partit de la ferme. Moricaud, qui le cherchait, accourut auprès de lui.

« Si tu savais, Moricaud, s’écria Louis, je m’en vais voir maman. Madame a dit qu’on m’envoie à la maison, et je suis riche, Moricaud ; je vais porter mon argent à ma mère !… et il y a huit mois que je ne l’ai vue… Le beau Noël ! le beau Noël !… »

Il sauta alors sur le vigoureux cheval de labour qu’on lui avait prêté. Moricaud bondit de joie, remua sa queue, et, comme le cheval s’élançait dans la direction de Lussan, il partit à la suite de son jeune maître.

Louis hâta le pas lourd de sa monture ; Moricaud, la langue pendante, avait peine à le suivre. Dix heures sonnaient à l’église de Lussan, une foule pieuse en montait les degrés, quand Louis traversa le village ; il chercha à reconnaître parmi tous ces visages ceux de sa mère et de ses sœurs ; mais il ne les distingua pas.

Quand il aperçut la porte dont il avait franchi le seuil la dernière fois avec tant de larmes, son cœur bondit de joie ; il attacha son cheval à l’anneau de fer scellé dans le mur et frappa. Per-