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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/178

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

comptes, car les maladies coûtent cher et nous ne sommes pas riches. »

Louis allait tirer ses douze francs de sa poche, pour que sa mère en achetât des médicaments ; il n’avait pas pensé les employer ainsi, et avait rêvé tout le long du chemin à un beau fichu de laine qu’il aurait été bien content de voir sur les épaules de Louise, quand un gémissement parti de la chambre voisine interrompit la conversation à voix basse, et Louise s’élança dans la chambre.

Rigault s’était réveillé de son pénible sommeil, sa femme lui tendit une potion, le souleva pour l’aider à boire.

« Comment ça va-t-il, Pierre ? demanda-t-elle doucement.

— Pas bien, femme : je vois bien que c’est fini !

— Chut ! tais-toi, mon homme ; c’est offenser le bon Dieu que de ne pas croire qu’il peut nous guérir. Tu es jeune encore et vigoureux ; la maladie s’en ira, j’en suis sûre : il faut avoir de la patience seulement… Tu ne sais pas, Pierre… not’ Louis vient d’arriver de la ferme ; on lui a donné congé pour Noël… Veux-tu le voir… il est bien grandi…

— Oui, qu’il vienne… on est content de lui, à ce que tu m’as dit.

— Très-content ! Viens, Louis, ton père veut te