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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/181

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

protégera, je l’espère ; mais je n’en puis répondre… Il a des idées à lui, le vieil oncle !… Dire que ce bras-là, qui était si fort il y a quinze jours ne peut plus travailler pour eux ?

— Ce bras-là a bien agi et il n’a jamais manqué à sa tâche. Vous avez élevé cinq enfants, Rigault : c’est une belle œuvre, surtout quand il y en avait un qui, je le sais, n’était pas à vous. Cela plaide pour vous devant Dieu, et doit vous donner confiance en sa miséricorde. »

Et le bon curé continua ainsi, entretenant le pauvre homme de tout ce qui pouvait le rassurer et le fortifier. Avec le regard pénétrant de ceux qui ont souvent contemplé la mort, il avait bien reconnu que le sabotier était perdu. Il lui restait à peine quelques jours à vivre.

Pendant cette conversation, les enfants, insouciants comme on l’est à leur âge, jouissaient du plaisir de se revoir ; Moricaud faisait leur connaissance et partageait avec un appétit aiguisé par sa course du matin leur pain et leur fromage.

Louis parlait de son troupeau, de la marquise, de sa botanique qu’il cultivait avec amour, et montrait avec un sourire les belles pièces neuves que le fermier lui avait remises le matin.

On causait surtout avec plus de plaisir de cette belle et noble dame, qui était venue si souvent l’été dernier visiter leur humble demeure. Jeanne,