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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/188

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

la tête, et la blessa au front. Il fut cependant honteux et murmura quelques paroles de regret. La veuve du sabotier avait le cœur bien humilié par ces brutalités, il fallait accepter ses excuses ou rompre : elle se tut, et laissa croire à ses enfants qu’elle était tombée.

François Lourdet lui envoyait Louis assez souvent. L’enfant surprit une partie des peines de sa mère rien que dans la manière dont elle le reçut, il ne put pourtant pas l’interroger, car son oncle était toujours présent.

Un dimanche, il arriva de bon matin à la maison. Le son d’une voix forte émue par la colère, celui d’une voix plus faible et comme suppliante le fit s’arrêter à la porte.

« Ah çà ! criait l’oncle Thomas, prenez-vous ma maison pour une auberge ? vous n’avez plus d’argent ! tant pis, empruntez-en, je ne suis pas au monde pour vous nourrir tous… vous n’êtes pas même une bonne servante.

— Vous offensez ma mère ! s’écria Louis en ouvrant violemment la porte.

— Louis ! dit la veuve d’un ton suppliant.

— Ah ! tu écoutais à la porte, petit maraud ! cria Thomas, tiens, prends ça pour ta curiosité. »

Et de sa lourde main il appliqua sur la joue de l’enfant un soufflet qui le fit rougir jusqu’au cou.

Louise s’élança sur son fils, et le protégea de