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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/207

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

— Merci, répondit Louis ; je vous remercie bien. »

Il s’éloigna, suivi de Moricaud, acheta deux sous de pain dans la rue Saint-Honoré, le mangea avec son chien ; il n’avait plus que dix sous dans sa poche : trois jours encore, et il connaîtrait les horreurs de la faim !…

Il serra soigneusement ce qui restait de son pain et se mit à parcourir les rues, frappant aux plus belles maisons et demandant Mme de Méligny partout. Chaque fois qu’il apercevait une voiture traînée par de beaux chevaux, avec ses glaces levées parce qu’il faisait froid, il courait pour distinguer le visage des femmes qui s’y trouvaient ; il manqua plusieurs fois de se faire écraser et recommença cent fois, toujours sans succès.

Le soir, il vit s’illuminer tous les magasins et, en atteignant les boulevards, il contempla avec admiration cette longue ligne lumineuse qui s’étend depuis la place de la Concorde jusqu’à celle de la Bastille.

Ce naïf enfant, qui avait pris les Tuileries pour le château de la marquise, allait frapper aussi à la porte de l’Opéra, quand il vit écrit au-dessus : Académie impériale de musique. Il s’arrêta.

« Madame, sans doute, ne doit pas demeurer là ; c’est égal, je vais attendre : c’est peut-être