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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/208

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

cette belle maison que le sergent appelle un théâtre. »

Il s’assit sur une des marches, regardant descendre des voitures les belles dames en toilette de bal. Ses yeux, fascinés par tant d’éclat, ne pouvaient se détacher de ces ombres brillantes qui passaient rapidement devant lui ; Moricaud, couché aux pieds de son jeune maître, ne bougeait pas, et semblait admirer aussi. Quand tout le monde fut arrivé, Louis passa bien au moins deux heures à ne plus voir personne que les voitures vides et les cochers attendant leurs maîtres. Il allait se lever pour sortir de son engourdissement et se réchauffer en marchant, lorsque quelques personnes reparurent sous le péristyle ; il rouvrit ses yeux à demi fermés, la foule élégante s’écoula d’abord lentement, puis à flots pressés ; mille charmantes femmes apparurent ensemble, les carrosses s’avancèrent ; il y eut pendant un moment un brouhaha de voix, de chevaux, de cris, de rires, un éblouissement de lumières, de beautés et de toilettes ; puis tout rentra dans le silence ; le gaz s’éteignit, la rue devint déserte, et sur les marches de ce palais de la musique, il ne resta que l’humble enfant, qui s’y endormit d’un paisible sommeil.

Le jour naissait à peine quand il se réveilla ; il frotta ses yeux rougis par le froid, se leva tout